Quelques Enseignements

gold buddha figurine
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Ajahn jayasaro

QUELQUES ENSEIGNEMENTS

Amaravati Publications

« Comme un lac profond Clair, calme et sans remous,

Le coeur du sage s’éclaircit et s’apaise En entendant la vérité du Dhamma. »

Dhammapada 82

Nous remercions le centre bouddhique « Le Refuge » pour nous avoir offert la production originale de cette œuvre.

Pour plus d’information sur le centre bouddhique « Le Refuge », rendez-vous sur le site : http://www.refugebouddhique.com/

AJAHN JAYASARO

Ajahn Jayasaro est né sur l’Ile de Wight en 1958. C’est à la Retraite de la Saison des Pluies de 1978 qu’il rejoint en Grande-Bretagne, en tant qu’anāgarika, la communauté d’Ajahn Sumedho.

En novembre de la même année il part pour Wat Nong Pah Pong, dans le Nord-Est de la Thaïlande, où il se fait ordonner novice l’année suivante, et bhikkhu en 1980, avec le Vénérable Ajahn Chah comme précepteur.

De 1997 à 2001, Ajahn Jayasaro a été l’abbé par intérim de Wat Pah Nanachat. Il vit actuellement dans un ermitage au pied des montagnes de Khao Yai, dans la province de Nakorn Rachasima, dans le district de Pak Chong.

Chapitres

La grande évasion

La foi

L’effort

Anattā

Lâcher prise

Samatha et vipassanā

Les dhamma mondains

Savoir aimer

Les ailes de l’aigle

La Parole Juste

Glossaire

LA GRANDE ÉVASION

Wat Pah Nanachat, Thaïlande, 10 mai 2000 Traduit de l’anglais par Chandhana et Claude Le Ninan

Lorsque j’étais jeune, j’avais un dessin humoristique favori. Les dessins humoristiques peuvent souvent capter succinctement quelque chose qu’il faudrait beaucoup de temps pour expliquer à l’aide de mots, même si ce dessin-là possédait une bulle. C’était le dessin d’un énorme hangar fermé sur tous les côtés, à l’exception de quelques petites lucarnes. À une extrémité de ce très grand hangar, il y avait une porte et, au-dessus de la porte, il était écrit les mots suivants : « Usine de porc ». En face de la porte, il y avait une longue file bien ordonnée de cochons, certains d’entre eux obèses, qui faisaient la queue devant la porte pour entrer dans l’usine de porc. Ils lisaient des journaux et bavardaient. Tout en haut du dessin, il y avait deux petits cochons qui essayaient héroïquement d’escalader le mur et de sortir par les lucarnes. Un des cochons d’un âge mûr — quelqu’un qui avait probablement mon âge — levait les yeux de son Wall Street Journal, voyait ces petits cochons et disait : « Voilà le problème avec la jeune génération de nos jours, ils ne pensent qu’à échapper à la réalité. » Ce qu’il voyait, c’était des petits cochons complètement irresponsables en train de s’échapper par les lucarnes. Mais ce qui peut sembler irresponsable d’un certain point de vue peut paraître tout à fait rationnel et intelligent d’un autre point de vue. Bien sûr, quand on sait ce qu’est le porc, il est peu probable que l’on fasse la queue de manière aussi ordonnée, mais la majorité des gens dans le monde — pour poursuivre la métaphore — sont des cochons qui ne savent pas ce qu’est le porc, et qui ne savent pas où ils vont.

L’attitude bouddhiste consiste toujours à essayer de s’ouvrir et d’intégrer tous les faits, tout ce qui se rapporte à une situation donnée. Ce n’est pas un enseignement qui consiste en un certain nombre de dogmes que l’on doit soit accepter, soit rejeter. On est encouragé à regarder, à reconnaître quelle est notre situation, notre existence en tant qu’êtres humains. Ajahn Chah disait : « Le temps passe vite. Que faites-vous en ce moment même ? Comment menez-vous votre vie ? »

Qu’est-ce qu’une bonne vie ? Nous pouvons regarder différents objets matériels et dire : « Oh, c’est une bonne voiture, c’est une bonne machine, c’est une belle œuvre d’art. » Nous avons un sens de leur qualité. Mais, qu’est-ce qu’une vie de qualité ? Qu’est-ce que cela signifie ? Le Bouddha a désigné avijjā (l’ignorance) comme étant la condition primordiale responsable du manque de qualité dans nos vies. L’ignorance ne signifie pas un manque de connaissance en mathématiques, en physique ou en comptabilité. Cela signifie un manque de connaissance des choses telles qu’elles sont, du véritable sens de notre vie humaine. Vijjā (la connaissance) signifie avoir un intérêt profond pour notre condition humaine, développer un esprit d’investigation, un esprit qui cherche vraiment à connaître ce qui se passe dans cette vie. Qu’est-ce que ce corps ? Qu’est-ce que cet esprit ? Que sont les sensations ? Que sont les perceptions ? Que sont les pensées ? Que sont les émotions ? Qu’est-ce que la conscience sensorielle ? Où se situe notre individualité ?

L’une des choses qui nous aide à trouver un intérêt dans la vie plutôt que de se laisser aller aveuglément, c’est d’examiner notre condition mortelle. Il existe certains faits très évidents qui sont irréfutables, que nous soyons bouddhistes, chrétiens, chamanistes, druides ou rien du tout. Étant nés, nous vieillissons chaque jour, nous allons faire l’expérience de la vieillesse — si nous ne mourons pas avant — et ensuite nous mourrons. Le maître zen Suzuki Roshi a dit : « La vie est comme un bateau : il quitte le port et, au milieu de l’océan, il coule. » Je dirais que ceci est irréfutable. Dès la naissance et par le processus du vieillissement, la vie humaine évolue vers la vieillesse, la maladie et la mort. Mais le fait est que nous réfléchissons très rarement là-dessus, à moins d’être quelqu’un de très résolu sur le chemin du développement spirituel.

Le fait que nous ne réfléchissions pas à ces choses affecte nos valeurs, affecte nos choix, affecte les choses auxquelles nous portons un intérêt et ce à quoi nous accordons de la valeur. Les choses que nous aimons et que nous détestons sont conditionnées par le fait que nous refusons de prendre pleinement conscience de notre caractère mortel. Les gens qui connaissent Carlos Castaneda se souviendront que Don Juan dit à Castaneda qu’il agit comme s’il allait vivre un millier d’années. Il oublie qu’il est mortel. Mais c’est en vous souvenant que la mort vous guette à tout instant que vous devenez un guerrier, dont la moindre des actions a du sens et de la dignité. La vie prend tout son sens précisément parce qu’elle peut prendre fin n’importe quel jour, à n’importe quel moment. Ce n’est pas que la vie n’a pas de sens parce que nous sommes mortels. Si nous vivions des centaines ou des milliers d’années, d’où nous viendrait le sentiment d’urgence pour remédier à tout ce qui va mal, pour résoudre nos conflits, nos problèmes d’aliénation ? Mais si nous sommes conscients que la vie est courte, fragile et précieuse, alors nous voyons que nous n’avons pas le temps de nous complaire dans la mauvaise humeur et les émotions négatives, dans les petites jalousies ridicules et les aversions. Lorsque nous oublions notre caractère mortel, que nous oublions notre mort imminente, nous permettons à ces choses de s’emparer complètement de notre esprit, jusqu’à ce que notre sens tout entier de ce qui est important et de ce qui ne l’est pas soit complètement déformé.

Il y a une belle histoire, tirée de la tradition indienne des Commentaires, qui date de deux mille ans, à l’époque du roi Ashoka. Comme beaucoup d’entre vous le savent certainement, le roi Ashoka était un grand guerrier, très cruel, qui remporta de nombreuses victoires, jusqu’à ce qu’il commence à prendre cons