Biographie du Mahasi Sayadaw
Enseignant de la Méditation Vipassana

Méditation Mahasi Sayadaw
Méditation Mahasi Sayadaw

BIOGRAPHIE DE MAHASI SAYADAW

(version courte)

 

Traduite par Vipassanasangha
(http://vipassanasangha.free.fr/tms_biographie_courte.htm)

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Vénérable Mahasi Sayadaw Ashin Sobhana

Mahathera, Sasana dhaja - siri - pavara Dhanamacariya, Agga Maha Pandita

{ Cette photographie a été prise le 13 août 82, juste la veille de son décès }

 

 

 

Le Vénérable Mahasi Sayadaw est né en 1904 à Seikkhun, un village prospère et agréable situé à environ 10 km à l'ouest de la ville historique de Shwebo en haute Birmanie. Ses parents, propriétaires ruraux, étaient U Kan Taw et Daw Oke. À l'âge de six ans le Sayadaw fut envoyé pour recevoir sa première éducation monastique sous la direction de U Adicca, moine dirigeant le monastère de Pyinmana à Seikkhun. Six ans après, il fut initié dans l'ordre monastique en tant que samanera  - novice -  avec le même professeur et reçu le nom de Shin Sobhana qui signifie « débutant prometteur » un nom qui convenait à son caractère résolu et impressionnant et à son comportement digne et serein. Il s'avéra être un élève capable et intelligent, accomplissant de rapides et remarquables progrès dans l’étude des écritures.

 

Quand U Adicca quitta l'Ordre monastique, Shin Sobhana continua ses études sous la direction de Sayadaw U Parama du monastère de Thugyi - kyaung, jusqu'à l'âge de dix neuf ans où il dut prendre une décision fatidique : continuer dans l'Ordre monastique et consacrer le reste de sa vie au service du Bouddha Sasana ou retourner à la vie laïque. Ashin Sobhana savait vers quoi son cœur penchait et, sans aucune hésitation, choisit la vie monastique. Lors d’une cérémonie solennelle, il fut ordonné bhikkhu le 26 novembre 1923, Sumedha Sayadaw Ashin Nimmala agissant pour lui en tant que maître spirituel. En quatre ans d’ordination, le futur Mahasi Sayadaw, maintenant Ashin Sobhana, réussit brillamment les trois catégories d’examens scripturaux de Pali organisées par le gouvernement.

 

Puis, Ashin Sobhana, brillant dans les études bouddhiques, se rendit à Mandalay pour poursuivre des études poussées des écritures sous la direction de grands Sayadaws réputés pour leur érudition. Son séjour au monastère Khinmakan fut cependant abrégé après une année car il fut appelé à Moulmein par le chef du monastère de Taik-kyaung, Taungwainggale – originaire du même village qu'Ashin Sobhana – pour le seconder dans l'enseignement de ses élèves. Pendant qu’il enseignait avec Taungwainggale, Ashin Sobhana continua à étudier les écritures, étant particulièrement intéressé par le Mahasatipatthana Sutta qu’il étudia de manière très approfondie.

 

Son intérêt croissant pour la méthode de méditation Vipassana Satipatthana le conduisit ensuite à Thaton où, suivant les instructions du réputé Sayadaw Mingun Jetavan, le Vénérable Sobhana s’engagea dans la pratique intensive de la méditation Vipassana pendant quatre mois avec de si bons résultats, qu’ils lui permirent de retourner enseigner à ses 3 premiers disciples à Seikkhun en 1938. Après son retour à Taungwainggale – suite à la maladie grave et au décès consécutif du vieux Sayadaw Taik-kyaung – pour reprendre son travail d'enseignant et pour prendre la charge du monastère, le Vénérable Sobhana se présenta et passa avec succès l'examen gouvernemental de Dhammacariya – professeur du Dhamma – en juin 1941.

 

La veille de l'invasion japonaise de la Birmanie, Mahasi Sayadaw dut laisser Taungwainggale pour retourner à Seikkhun, son village natal. C'était une occasion bienvenue pour que le Sayadaw se consacre de tout cœur à sa propre pratique de méditation Vipassana Satipatthana et alternativement à l’enseignement à un nombre de plus en plus important de disciples du monastère Mahasi, Ingyintaw-taik – d'où le nom de Mahasi Sayadaw – à Seikkhun qui resta heureusement épargné et exempt de l'horreur et des conséquences de la guerre. Ce fut pendant cette période de guerre que le Sayadaw fut encouragé par ses disciples à écrire son grand manuel de méditation Vipassana, un travail remarquable et complet exposant les aspects doctrinaux et pratiques de la méthode de méditation Satipatthana.

 

Peu de temps avant que la réputation de Mahasi Sayadaw en tant que remarquable professeur de méditation Vipassana ne s’étende dans la région de Shwebo-Sagaing, un dévot bouddhiste, Monsieur U Thwin, voulait promouvoir le Bouddha Sasana en créant un centre de méditation dirigé par un professeur de méditation vertueux et à la compétence reconnue. Après avoir écouté un discours sur la méditation Vipassana donné par le Sayadaw et avoir observé son comportement serein et noble, Monsieur U Thwin compris tout de suite que Mahasi Sayadaw était le maître de méditation idéal qu'il recherchait.

 

Par la suite, le 13 novembre 1947, l'association Buddhasasananuggaha fut fondée à Rangoon avec monsieur U Thwin pour Président et avec pour objet les études scripturales et la pratique du Dhamma. Monsieur U Thwin donna à l'association un vaste terrain dans Hermitage road nommée Kokine, à Rangoon, mesurant plus de cinq acres, pour la construction du centre de méditation. En 1978, le centre occupait une surface de 19,6 acres, sur laquelle un vaste complexe de bâtiments et d'autres structures furent construits. Monsieur U Thwin informa l'association qu'il avait trouvé un professeur de méditation digne de confiance et proposa que le Premier Ministre de Birmanie invita Mahasi Sayadaw au centre.

 

Après la fin de la deuxième guerre mondiale le Sayadaw résidait alternativement entre son Seikkhun natal et Taungwainggale à Moulmein. Pendant ce temps, la Birmanie regagna son indépendance le 4 janvier 1948. En mai 1949, pendant l'un de ses séjours à Seikkhun, le Sayadaw accomplit une nouvelle traduction de référence du Mahasatipatthana Sutta. Ce travail excella la moyenne des traductions de référence de ce Sutta qui est d’une grande importance pour ceux qui souhaitent pratiquer la méditation Vipassana et être guidés dans leur pratique.

 

En novembre de la même année, sur l'invitation personnelle de l'ancien Premier Ministre, Mahasi Sayadaw vint de Shwebo-Sagaing au Sasana Yeiktha – centre de méditation – à Rangoon, accompagné de deux autres Sayadaws. Ainsi commença les 29 années de direction spirituelle du Sasana Yeiktha par Mahasi Sayadaw à Rangoon, alors à ses étapes initiales de développement. Le 4 décembre 1949, Mahasi Sayadaw organisa personnellement la toute première retraite de méditation Vipassana avec un groupe de 25 yogis. Du fait de l’accroissement constant du nombre de yogis, il devint trop prenant pour le Sayadaw de donner seul la totalité du discours d’introduction à la retraite de méditation. À partir de juillet, 1951 le discours fut enregistré sur cassette et chaque nouvelle série de yogis l’écoutèrent avec quelques mots d'introduction du Sayadaw lui-même.

 

Quelques années après l'établissement du principal Sasana Yeiktha à Rangoon, de semblables centres de méditation prirent naissance dans de nombreuses parties du pays avec des membres de la Sangha certifiés professeurs de méditation par Mahasi Sayadaw. Cette éclosion de centres de méditation ne resta pas confinée à la Birmanie, mais s’étendit aux contrées Theravada voisines comme la Thaïlande et le Sri Lanka. Quelques centres virent également le jour au Cambodge et en Inde. Selon un recensement en 1972, le nombre de yogis – méditants Vipassana – qui pratiquèrent dans ces centres – en Birmanie et en dehors – dépassait le chiffre de 700 000.

En reconnaissance de sa remarquable érudition et de ses réalisations spirituelles, Mahasi Sayadaw se vit attribué en 1952 par le Président de l'Union de la Birmanie le titre prestigieux d'Agga Maha-Pandita, être Sage de Haut Rang.

 

Peu après l'indépendance, le gouvernement Birman étudia le projet d’organiser un sixième concile bouddhiste – Sangayana – en Birmanie, avec la participation de quatre autres pays bouddhistes Theravada : Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge et Laos. Pour les préparations préliminaires, le gouvernement envoya une mission en Thaïlande et au Cambodge, composée de Nyaungyan Sayadaw, de Mahasi Sayadaw et de deux laïques. La mission rencontra les Thathanabaings – primats bouddhistes – de ces deux pays.

 

Lors de cet historique sixième concile bouddhiste, inauguré avec splendeur et cérémonie le 17 mai 1954, Mahasi Sayadaw joua un rôle éminent, assumant la tâche lourde et exigeante de rédacteur final, Osana, et de questionneur, Pucchaka Sayadaw. Une caractéristique unique de ce concile fut la rédaction non seulement du Canon Pali, les textes canoniques, mais également des atthakathas, les commentaires, et des tikas, les sous-commentaires. Dans la rédaction de cette littérature des commentaires, Mahasi Sayadaw fut responsable, en ce qui le concernait, d'une analyse approfondie, d'une interprétation éclairée et d'une réconciliation habile de plusieurs passages cruciaux et divergents de ces travaux de commentaires.

 

Un résultat significatif de ce sixième concile bouddhiste fut le renouveau d'intérêt pour le bouddhisme Theravada parmi les bouddhistes Mahayana. Pendant l'année 1955, alors que le concile était en cours, douze moines japonais et une femme laïque arrivèrent en Birmanie pour étudier le bouddhisme Theravada. Les moines furent initiés dans la Sangha bouddhiste Theravada en tant que novices – samaneras – tandis que la femme laïque devint une nonne bouddhiste. Puis, en juillet 1957, à l'initiative de l'association bouddhiste Moji sur l'île de Kyushu au Japon, le Conseil Bouddha Sasana de Birmanie envoya une mission bouddhiste Theravada dans laquelle Mahasi Sayadaw était l'un des principaux représentants de la Sangha Birmane.

 

Cette même année 1957, Mahasi Sayadaw fut chargé d'écrire en Pali une introduction au Visuddhimagga Atthakatha, qui réfutait en particulier certaines déclarations erronées au sujet de l'auteur doué et noble de cet atthakatha, le Vénérable Buddhaghosa.

Le Sayadaw termina ce difficile travail en 1960, son travail portant toutes les marques d’une connaissance remarquable et d’une compréhension profonde. À cette époque, le Sayadaw avait également terminé la traduction Birmane de deux volumes sur quatre de ces célèbres commentaires, travail classique sur la méditation bouddhiste.

 

À la demande du gouvernement de Ceylan – maintenant Sri Lanka – une mission spéciale dirigée par Sayadaw U Sujata, un disciple confirmé de Mahasi Sayadaw, fut envoyée à Ceylan en juillet 1955 afin de promouvoir la méditation Vipassana Satipatthana. La mission resta à Ceylan pendant plus d'une année effectuant un travail fructueux, installant 12 centres de méditation permanents et 17 provisoires. Puis, suivit la construction d’un centre principal de méditation sur un terrain donné par le gouvernement de Ceylan, mission de grande ampleur dirigée par Mahasi Sayadaw lui-même qui partit le 6 janvier 1959 pour Ceylan via l'Inde. La mission séjourna en Inde pendant environ trois semaines, pendant lesquelles ses membres visitèrent plusieurs lieux saints liés à la vie et au travail de Bouddha, donnèrent des discours sur le Dhamma et eurent des entrevues avec le Premier Ministre Shri Nehru, le Président Prasad et le Vice-Président Radhakrishnan.

 

La mission s’envola de Madras pour Ceylan le 29 janvier 1959 et arriva à Colombo le jour même. Le dimanche 1er février, lors de la cérémonie d'ouverture du centre principal permanent de méditation appelé Bhavana Majjhathana, Mahasi Sayadaw délivra un discours en Pali après que le Premier Ministre Bandaranayake et d'autres aient parlés. Puis, avec Mahasi Sayadaw à leur tête, les membres de la mission allèrent en excursion dans l'île, visitant plusieurs centres de méditation où Mahasi Sayadaw donna des discours appropriés sur la méditation Vipassana et honora divers lieux de pèlerinage bouddhiste comme Polonnaruwa, Anuradhapura et Kandy. Cette visite historique de la mission Birmane sous la conduite sage et inspirante de Mahasi Sayadaw était symbolique de la proche et mutuelle parenté spirituelle salutaire entre ces deux pays bouddhistes Theravada. Sa contribution positive au bien-être du mouvement bouddhiste au Sri Lanka permit la résurgence de l'intérêt de la pratique de la discipline et de la méditation bouddhiste, qui avait semblé avoir diminué sur cette terre fraternelle.

 

En février 1954, un yogi, jeune professeur bouddhiste chinois d'Indonésie, vint au Sasana Yeiktha intéressé par la pratique de cette méditation bouddhiste. Ce yogi nommé Bung An, suivant les conseils et les instructions de Mahasi Sayadaw et de feu Sayadaw U Nanuttara, accomplit d’excellents progrès dans le laps de temps d'un mois, si bien que Mahasi Sayadaw lui-même lui donna un entretien détaillé sur le progrès des insights. Plus tard, il fut ordonné bhikkhu et reçu le nom de Ashin Jinarakkhita. Mahasi Sayadaw fut lui-même son précepteur spirituel.

 

Dès son retour en Indonésie pour instaurer un mouvement bouddhiste Theravada, il demanda au Conseil du Bouddha Sasana d’envoyer un moine bouddhiste Birman pour promouvoir d'autres missions en Indonésie. Il fut décidé que Mahasi Sayadaw lui-même, en tant que maître et mentor d'Ashin Jinarakkhita, irait. Avec 13 autres moines d'autres pays Theravadins, Mahasi Sayadaw entreprit des activités essentielles de missionnaire telles que consacrer les sima – bâtiment d’un monastère réservé aux ordinations et à la récitation du patimokkha – ordonner les bhikkhus, initier les samaneras – débutants dans la Sangha bouddhiste – et donner des discours sur le Dhamma en particulier sur la méditation Vipassana.

 

Du fait de ces activités fructueuses dans l'intérêt de l’initiation, de la promotion et du soutien des mouvements bouddhistes en Indonésie et au Sri Lanka, les missions de Mahasi Sayadaw dans ces pays furent considérées, à juste titre, comme des voyages « Dhamma-vijaya », victoire du Dhamma.

 

Dès l'année 1952, Mahasi Sayadaw, à la demande du Ministre en charge des Affaires de la Sangha de Thaïlande, envoya les Sayadaws U Asabha et U Indavamsa promouvoir la pratique de la méditation Vipassana Satipatthana dans ce pays. Grâce aux efforts de ces deux Sayadaws, la méthode Mahasi Sayadaw de méditation Vipassana Satipatthana acquit une très grande renommée en Thaïlande où beaucoup de centres de méditation furent créés dans les années 60 et le nombre de yogis ayant suivi des retraites de méditation excédait les 100 000.

 

Sur l'exhortation de l'Abhidhaja - maharattha Masoeyein Sayadaw qui dirigea le conseil exécutif de Sanghanayaka au sixième concile bouddhiste, Mahasi Sayadaw s’engagea à enseigner régulièrement le Visuddhimagga Atthakatha du Vénérable Buddhaghosa et le Visudhimagga Mahatika du Vénérable Dhammapala à sa Sangha du Sasana Yeiktha. Ces deux travaux de commentaires de l'école Theravada se portent principalement sur les aspects théoriques et pratiques de la méditation bouddhiste, bien qu'ils offrent également d’utiles explications sur les points doctrinaux importants de la philosophie bouddhique. Ils sont ainsi de la plus haute importance pour ceux qui seront des professeurs de méditation.

 

De ce fait, Mahasi Sayadaw commença à enseigner ces deux travaux le 2 février 1961 pendant une demi-heure à deux heures par jour. Sur la base des notes de ses conférences prises par ses élèves, Mahasi Sayadaw commença à écrire sa traduction de référence du Visudhimagga Mahatika et l’acheva le 4 février 1966. La réalisation de cette traduction de référence était une prouesse exceptionnelle de la part de Mahasi Sayadaw.

La section sur le samayantara – différentes vues tenues par d'autres religions ou croyances – fut la partie la plus harassante de la tâche du Sayadaw dans ce travail. Pour aborder cette partie, le Sayadaw dût, entre autres, se familiariser avec des doctrines et la terminologie philosophiques hindoues antiques en étudiant toutes les références disponibles, y compris des travaux en sanskrit et en anglais.

 

Mahasi Sayadaw eut, jusque là, à son crédit 67 volumes de littérature bouddhiste Birmane. L'espace ne nous permet pas de les énumérer tous ici, mais une liste à jour complète de ses ouvrages est annexée à la dernière publication du Sayadaw : le discours sur le Sakkapanha Sutta, édité en octobre 1978.

 

À cette époque, Mahasi Sayadaw fut soumis à de sévères critiques pour sa recommandation de la méthode prétendument peu orthodoxe de noter les mouvements d’élévation et d’abaissement de l'abdomen dans la méditation Vipassana. Certains supposèrent, de manière erronée, que cette méthode était une innovation du Sayadaw lui-même, tandis que la vérité est qu'elle avait été approuvée plusieurs années avant que Mahasi Sayadaw ne l’adoptent, par le non moins prestigieux et reconnu Mingun Jetavan Sayadaw qui faisait autorité, et qu'elle n’est nullement contraire à l'enseignement du Bouddha.

 

La raison de la préférence de Mahasi Sayadaw pour cette méthode est que pour le yogi qui débute, il est plus facile de noter cette manifestation de vayodhatu, élément mouvement. Elle n'est cependant imposée comme technique obligatoire à aucun yogi venant pratiquer la méditation dans l’un des Mahasi yeikthas, centres de méditation. Un yogi peut, s'il préfère et s'il constate qu'il est plus à l’aise avec la pratique d’anapana, observation du souffle entrant et sortant au niveau des narines, méditer de cette façon. Mahasi Sayadaw lui-même s’abstint d’argumenter les critiques sur ce point, mais deux érudits et éminents Sayadaws produisirent chacun un ouvrage défendant la méthode de Mahasi Sayadaw, permettant ainsi à ceux intéressés par la polémique d’apprécier et de juger par eux-mêmes.

 

Cette polémique ne resta pas confinée à la Birmanie, mais se répandit également à Ceylan où certains membres de la Sangha, débutants et inexpérimentés dans la méditation, critiquèrent publiquement et de façon injustifiée la méthode de Mahasi Sayadaw dans des articles de journaux. Du fait de la publication en anglais de cette critique et de sa diffusion mondiale, le silence ne pouvait plus être maintenu et le très renommé Sayadaw U Nanuttara répondit magistralement et avec force aux critiques dans les pages du «bouddhisme du monde» périodique bouddhiste de Ceylan.

 

La réputation et la position internationales de Mahasi Sayadaw dans le domaine de la méditation bouddhiste attira de nombreux visiteurs et yogis étrangers, certains cherchant des éclaircissements pour leurs questionnements religieux, d'autres soucieux de pratiquer la méditation Vipassana Satipatthana sous la guidance, les conseils personnels et les instructions du Sayadaw. Parmi les premiers yogis remarquables fut l'ancien amiral britannique E.H. Shattock qui vint de Singapour pour pratiquer la méditation au Sasana Yeiktha en 1952. A son retour en Angleterre, il publia un livre intitulé « An experiment in Mindfulness » dans lequel il rapporta ses expériences en termes élogieux.

 

Un autre pratiquant de ce genre était M. Robert Duvo-Kientz, un Californien né en France venu pratiquer la méditation au centre Mahasi, d'abord en tant que yogi puis plus tard comme bhikkhu. Il publia par la suite un livre en France au sujet de ses expériences et de la méthode de méditation Vipassana Satipatthana « Satipatthana, la voie du bonheur » aux éditions du Rocher. Mention particulière devrait être faite à Anagarika Shri Munindra de Boddh-Gaya en Inde, qui devint disciple anterasika – très proche – de Mahasi Sayadaw, passant plusieurs années avec le Sayadaw, apprenant les écritures bouddhistes et pratiquant la méditation Vipassana Satipatthana. Il dirigea ensuite un centre international de méditation à Boddh-Gaya où beaucoup d’occidentaux vinrent pratiquer la méditation. Parmi ces yogis était un jeune Américain, Joseph Goldstein, qui a écrit un livre sur la méditation Satipatthana : « The experience of insight : A natural unfolding ».

 

Une partie des travaux du Sayadaw a été publiée à l'étranger, tels « la méditation Satipatthana » par la Unity Press de San Francisco en Californie et le «Progress of insight» par la société bouddhiste de publication Ovadacaryia au Sri Lanka. Une aide efficace et désintéressée fut offerte par U Pe Thin et Myanaung U Tin dans les contacts du Sayadaw avec les visiteurs et yogis étrangers et dans la traduction en anglais de certains des discours du Sayadaw sur la méditation Vipassana. Tous deux étaient des yogis accomplis.

 

L’inexorable loi d'Anicca – impermanence – mit un terme à la vie dévouée et désintéressée de Mahasi Sayadaw, le 14 août 1982.